Depuis le début de septembre, les usagers de la RN 175, contournement d’Avranches, doivent s’armer de patience. Avec des travaux majeurs engagés pour rénover une chaussée vieillissante datant de 1980, cet axe crucial entre la Normandie et la Bretagne connaît des ralentissements importants, particulièrement aux heures de pointe. Cette opération de grande envergure, orchestrée par la Direction interdépartementale des routes Nord-Ouest (Dirno), éclaire les enjeux complexes, techniques et logistiques d’un chantier aussi long que stratégique.
Pourquoi la rénovation de la RN 175 transforme la circulation entre Normandie et Bretagne
Longtemps attendue, la remise à neuf de la chaussée entre Rennes et Caen sur la RN 175 s’est imposée face à la dégradation avancée de la route. La rénovation, qui aurait dû débuter plus tôt, a finalement été une nécessité pressante en raison du report du projet de déviation Est d’Avranches, une initiative qui n’a pas encore été réalisée et qui aurait allégé le trafic dense. Le chantier en cours implique le retrait de plusieurs couches de revêtement, parfois jusqu’à 30 cm, alors qu’une simple réfection superficielle de 5 cm aurait suffi si l’usure avait été moindre.

Des périodes choisies pour minimiser les impacts, malgré un trafic soutenu
La gestion du calendrier des travaux s’appuie sur des relevés précis indiquant que les mois d’avril et septembre-octobre offrent les fenêtres les plus favorables, avec un trafic légèrement moins intense. Pourtant, le chantier actuel a dû composer avec une densité de circulation importante. Pendant cette période, la circulation est basculée sur une voie unique, ce qui, combiné au non-respect fréquent des déviations par certains automobilistes suivant aveuglément leur GPS, provoque des embouteillages aggravés.
Cette situation illustre bien les défis d’un chantier engageant : garantir la sécurité et la fluidité tout en réalisant une intervention profonde sur un axe stratégique. VINCI, Bouygues Construction, Eiffage, ainsi que Colas, sont parmi les acteurs majeurs régulièrement impliqués dans ces projets colossaux, tandis que SNCF Réseau et le Réseau de Transport d’Électricité (RTE) collaborent souvent pour assurer la coordination des infrastructures et des réseaux dans la région.
Quatre étapes pour une modernisation progressive de l’axe Normandie-Bretagne
La réhabilitation de la RN 175 s’articule en quatre phases, chacune permettant un avancement ciblé tout en limitant au maximum les perturbations. À l’automne 2024, la première phase de rénovation a couvert une portion de cinq kilomètres entre Cromel et Moncreton, uniquement dans le sens Rennes-Caen. Ensuite, au printemps 2025, deux kilomètres supplémentaires ont été remis à neuf entre Moncreton et Ponts. La phase actuelle concentre ses efforts sur le sens Caen-Rennes, entre Ponts et Saint-Quentin, une partie particulièrement sensible qui impacte directement les accès clés d’Avranches.
Au printemps 2026, la dernière série de travaux viendra parachever la modernisation en reprenant et en élargissant les bandes d’arrêt d’urgence, tout en intervenant sur les fossés, les glissières, la signalisation et même le mobilier routier. Ces opérations simultanées, menées avec la collaboration d’entreprises spécialisées comme Spie Batignolles, Egis ou Systra, traduisent une volonté forte d’anticiper et de réduire les nuisances à long terme.
L’innovation au service de la sécurité et de la durabilité
Au-delà de la simple remise à neuf, la rénovation intègre des avancées dans les méthodes employées. Le dragage profond de la chaussée couplé à une légère déviation de la route permet d’aménager des bandes d’arrêt d’urgence plus larges, une mesure saluée pour renforcer la sécurité des automobilistes sur cet axe très fréquenté. Le recours aux nouvelles technologies, souvent portées par des entreprises comme Alstom pour le matériel ferroviaire adjacent ou Egis pour l’ingénierie, facilite la gestion intégrée du chantier et contribue à la durabilité des infrastructures.
Le regroupement simultané des travaux – entretien des réseaux pluviaux, fauchage, remplacement des dispositifs de sécurité – maximise l’efficacité et limite les interventions successives, un enjeu fondamental pour la qualité de vie des riverains et la fluidité du trafic.
Impact local et perspectives pour la Normandie
Ce chantier d’envergure est au cœur de nombreux débats et préoccupations dans les zones traversées. À Avranches notamment, les accès stratégiques voient leur circulation modifiée durablement, ce qui nécessite une mobilisation citoyenne importante, renforcée par la visibilité qu’offrent les plateformes d’information locale telles que Mobilisation Citoyenne Normandie. Par ailleurs, la fermeture temporaire de l’aire de service du Mont-Saint-Michel souligne l’importance de telles infrastructures pour le tourisme et la région.
La coordination avec d’autres projets régionaux, comme la rénovation des routes dans le Calvados (chantier Calvados routes), ou des initiatives locales pour la rénovation des bâtiments historiques (don rénovation églises normandes), révèle une dynamique globale de transformation et d’investissements dans la région.
Le défi consiste désormais à articuler ces différents chantiers et projets, en associant les acteurs publics et privés, pour garantir un avenir où la Normandie et la Bretagne seront mieux connectées, tout en respectant les attentes des citoyens et les défis environnementaux.