En Normandie, la jeunesse se trouve à la croisée des chemins entre une sobriété marquée face aux drogues et une consommation d’alcool qui interpelle les observateurs sociaux. Les données récentes de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) offrent un éclairage nuancé sur ces enjeux cruciaux dans la région.
Une jeunesse normande plutôt sobre face aux substances illicites
Si l’on considère les chiffres des adultes âgés de 18 à 64 ans, près de la moitié des Normands ont déjà expérimenté le cannabis, avec 49,7 % de déclarations, un taux quasi similaire à la moyenne nationale (50,4 %). Pour autant, la consommation régulière y demeure plus modérée : seulement 8 % des Normands affirment avoir pris du cannabis au cours du dernier mois, comparé à 10 % en France. La consommation quotidienne est également moins fréquente, à 2,8 % contre 3,5 % sur l’ensemble du territoire.
Cette tendance à la sobriété en matière de drogues s’étend à d’autres substances : sur sept Normands, un seul aurait déjà essayé la cocaïne, soit 7 %, contre 9,5 % au plan national. Quant au crack, phénomène souvent marginal, il touche environ 1 % de la population régionale.
Ces chiffres confortent les actions menées dans la région par la Mission Locale Normandie et la Normandie Santé Jeunes, qui agissent en première ligne pour sensibiliser et accompagner les jeunes sur les risques de consommations.

Les efforts conjoints des associations et institutions régionales
Sur le terrain, des structures comme la Association Prévention Jeunesse Normandie ou la Maison des Adolescents de Normandie coordonnent des programmes fondés sur le dialogue et la prévention. Leur action est soutenue par la Caisse d’Assurance Maladie de Normandie et l’ARS Normandie, qui veillent à intégrer la santé des jeunes dans une démarche globale.
La Fédération Addiction Normandie et l’UNAF Normandie, ainsi que le CIDFF Normandie, participent également à déployer des campagnes ciblées pour lutter contre les conduites addictives, en insistant sur l’importance d’adopter des modes de vie sains et responsables.
Consommation d’alcool : un défi majeur chez les jeunes normands
Contrairement au relatif contrôle des drogues, l’alcool reste une problématique préoccupante. La jeunesse normande, notamment les adolescents de 17 ans, se distingue par un taux d’expérimentation et une fréquence de consommation d’alcool plus élevés que la moyenne nationale. En 2025, 86,8 % des jeunes ont consommé de l’alcool au moins une fois dans le mois, contre 80,6 % en France, et 62,3 % en ont fait usage régulièrement, contre 58,6 % ailleurs.
Cette surconsommation a pour conséquences un taux de mortalité prématurée liée à des pathologies alcooliques supérieur à la moyenne nationale, notamment en raison de l’alcoolisme et des maladies du foie comme la cirrhose.
Cette réalité préoccupe vivement les acteurs locaux, qui mettent en œuvre des initiatives pour inverser la tendance. L’Espace Info Jeunes Normandie est l’un des points d’appui destinés à offrir conseils et ressources aux adolescents et jeunes adultes.
Vers une culture de la sobriété et du mieux-être
Dans le contexte normand, la sobriété ne signifie pas l’abstinence totale, mais un regard lucide et responsable sur les modes de consommation. La jeunesse normande montre ainsi un attachement grandissant à cette valeur, qui peut constituer un levier puissant pour limiter les usages problématiques. Des témoignages, comme celui de François Créton, acteur et scénariste qui vit à Veulettes-sur-Mer, relatent des parcours d’addiction et de réhabilitation, insistant sur la volonté de sobriété qui s’impose aujourd’hui.
Les initiatives locales, soutenues par les collectifs et institutions mentionnés, conjuguent la prévention et l’accompagnement. Elles créent des ponts entre politiques publiques, acteurs éducatifs et sanitaires, et impliquent notamment des structures comme la Mission Locale Normandie, qui favorise la réinsertion sociale par des projets positifs.