Tension sur le logement saisonnier en Normandie : Granville tente une expérience innovante
À Granville, face à une crise aiguë de logements pour les travailleurs saisonniers, une initiative audacieuse voit le jour. Depuis peu, la municipalité a décidé de transformer les chambres inoccupées de l’internat du lycée hôtelier en hébergements estivaux destinés aux employeurs pour loger leurs saisonniers. Une idée prometteuse sur le papier, mais qui peine à se concrétiser pleinement.
Chaque été sur les littoraux normands, la problématique reste la même : comment loger les saisonniers, appelés en renfort dans les secteurs du tourisme et de la restauration ?
Une solution loin d’être un succès complet
Pour pallier ce problème, l’internat du lycée de Granville propose cet été encore 35 chambres individuelles à un tarif de 140 euros par semaine. Annabelle Coufourier-Ferrol, en charge du développement économique de la communauté Granville Terre et Mer, précise que l’idée est de collaborer avec les entreprises, leur laissant le soin de prendre en charge tout ou partie du coût.
Jusqu’à présent, peu d’employeurs ont manifesté un intérêt concret, à peine 10 % des chambres ayant trouvé preneur. Une situation problématique pour Stéphane Sorre, président de la communauté de communes, qui est prêt à prendre le risque si 50 % d’occupation peuvent être garantis rapidement. Il avertit cependant en disant que financer le logement des saisonniers par les impôts locaux n’est pas une solution viable.
Un défi à l’échelle régionale
Granville n’est pas un cas isolé. D’autres villes normandes, comme Honfleur et Deauville, expérimentent des solutions similaires face à une pénurie de main-d’œuvre saisonnière estimée à 200 000 personnes l’été dernier par l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. Honfleur avait proposé des chambres d’internat à 70 euros la semaine, mais avec seulement deux inscrits, l’initiative ne sera pas reconduite.
Même challenge à Deauville, où Luna, une jeune saisonnière, s’était retrouvée dans l’impasse en raison de l’instabilité de son emploi. Le Conseil régional de Normandie étudie la possibilité d’un soutien à la construction de logements dédiés pour les travailleurs saisonniers.
Vers une amélioration des conditions de travail ?
L’amélioration des conditions et des salaires dans le secteur reste cruciale. Noëmie Monpays, directrice de l’office du tourisme du Mont Saint-Michel, admet quees candidats ont désormais le choix et que nous payons des décennies de mauvaises conditions de travail.
Pour les employeurs, le défi consiste désormais à se rendre plus attractifs en revalorisant les salaires et en adaptant les horaires de travail, car l’ère des conditions précaires semble tirée à sa fin.