Blocage des accès à l’université de Caen par des étudiants en colère
Ce mercredi matin, une mobilisation étudiante a conduit à l’obstruction des entrées des bâtiments A, B, D et E de l’université de Caen. Les manifestants protestent contre les réductions budgétaires affectant les universités, telles qu’adoptées lundi dernier à l’Assemblée nationale.
Mercredi matin, des étudiants à Caen ont entrepris de bloquer l’accès aux bâtiments A, B, D et E de leur université. Leur action vise à dénoncer les réductions budgétaires affectant les établissements d’enseignement supérieur, votées récemment à l’Assemblée nationale.
Au pied de l’imposant bâtiment B, une cinquantaine d’étudiants se sont regroupés pour mener à bien un blocus partiel de l’université de Caen, ce mercredi 5 février. Non loin, d’autres étudiants barricadent également les accès des bâtiments A et E. Des bennes à ordures, des barrières et des palissades de chantier obstruent les entrées des amphithéâtres. Une pancarte résume bien la colère : « -630 millions pour l’éducation ».
Un blocus significatif de l’université ce mercredi
Cette mobilisation étudiante s’inscrit dans le cadre de mesures d’austérité budgétaire décidées par le Premier ministre François Bayrou via l’article 49.3. Ces mesures affectent durement la recherche et l’enseignement supérieur. Giovanni, étudiant en Master 1 de géographie, déplore : « Nous manifestons contre une situation de rigueur à l’université que le budget aggrave irrémédiablement ».
Mathis, également en master de géographie, renchérit : « À Caen, cela se traduit par le non-remplacement de certains professeurs, la dégradation des infrastructures, et un déclin de la recherche. Quel avenir préparons-nous pour l’éducation supérieure ? » Suite à une assemblée générale tenue mardi 4 février, une centaine d’étudiants ont voté en faveur du blocus. Tout enseignement dans les bâtiments A, B, D et E a été suspendu ce matin comme l’a confirmé Lamri Adoui, le président de l’Université, dans un communiqué. Toutefois, les autres activités et les bibliothèques universitaires restent accessibles.
« Une hausse des frais pour les étudiants à distance »
Sur le plan local, ces contraintes budgétaires ont incité l’université de Caen à revoir l’organisation économique, entraînant une augmentation de 400 euros des frais de scolarité pour les étudiants en enseignement à distance. Giovanni, déterminé, décrit cette mesure comme « injuste et infondée, ciblant un groupe déjà en difficulté pour accéder au campus ». Il espère qu’une discussion s’ouvrira lors du prochain conseil d’administration de la faculté prévu ce vendredi, où cette décision fera l’objet d’un vote.
Ce mouvement de protestation, soutenu par l’Union pirate, la CGT SELA et Solidaires étudiant(e)s, réunit aussi des étudiants non affiliés. Beaucoup participent à leur première manifestation, comme Emmy et Kyria, toutes deux en première année de LLCER Anglais. Elles confient : « Nous avons découvert le blocage ce matin en arrivant et nous soutenons ce cri d’alarme. Nous prévoyons d’assister à l’assemblée générale à midi pour discuter des prochaines actions », expliquent-elles.
Non loin, le campus caennais de Sciences Po Rennes, orienté sur le développement durable, est également fermé. Coralie, une étudiante de l’Institut d’études politiques, souligne : « Nous avons voté le blocus hier et fermé le campus ce matin, puis rejoint le rassemblement ici. Le mouvement est national, les universités sont solidaires. Cette austérité représente un déni démocratique« .
Une nouvelle assemblée générale est prévue à midi sur le campus principal de Caen, selon un communiqué de l’Union pirate. De son côté, France Université a mis en garde fin janvier, par un communiqué, sur les dangers des « charges supplémentaires imposées aux universités, dans des proportions inédites et sans compensation de l’État, plaçant l’ensemble des universités dans une situation de crise, certaines frôlant la faillite.«