Les Constructions Mécaniques de Normandie : un acteur clé dans la modernisation des navires de pêche en Normandie
Depuis plusieurs décennies, la région Normandie est célèbre pour sa richesse maritime et son patrimoine de pêche artisanale. Toutefois, la flotte locale se confronte aujourd’hui à des défis majeurs dans un contexte de transition énergétique et de développement durable. C’est dans ce cadre que les Constructions Mécaniques de Normandie (CMN), basées à Cherbourg, jouent un rôle central. Après une pause depuis 2013 dans la production de navires de pêche, cette entreprise réinvestit activement ce secteur à travers des projets ambitieux.
Le constat est clair : la flotte normande est vieillissante, avec une trentaine d’années en moyenne d’ancienneté pour ses quelque 580 unités, essentiellement dédiées à la pêche artisanale côtière. Cette ancienneté impacte directement la compétitivité et la durabilité des activités halieutiques dans la région. Pour soutenir une économie bleue robuste et maintenir la Normandie à la pointe de la technologie maritime, il est primordial d’envisager la modernisation des flottes.
Les CMN ont noué un partenariat étroit avec la Région Normandie, le comité des pêches de Normandie ainsi que la chambre de commerce et d’industrie (CCI) Ouest Normandie. Ensemble, ils œuvrent pour concevoir des navires de pêche désormais standardisés mais adaptables, répondant précisément aux besoins des pêcheurs locaux. Cette démarche est exemplaire de la volonté régionale de favoriser une pêche responsable en limitant les coûts d’exploitation et en intégrant les impératifs de la transition énergétique.
Serge Quaranta, directeur des CMN, souligne l’importance du dialogue avec les professionnels : « Nous sommes allés en mer avec les pêcheurs pour comprendre leurs attentes. Ce retour terrain est crucial pour concevoir des navires adaptés, sobres et économes ». Cette collaboration pragmatique illustre parfaitement comment une grande entreprise de chantier naval s’engage concrètement dans la revitalisation de la filière pêche normande.
- Reprise progressive des constructions navales dédiée à la pêche depuis 2024
- Conception collaborative avec pêcheurs, CCI et Université de Caen
- Objectif : deux modèles standardisés adaptables aux différentes pratiques en Normandie
- Optimisation de la propulsion pour réduire la consommation et l’impact environnemental
- Intégration des avancées technologiques locales dans les nouveaux bateaux
| Acteurs | Rôle | Contribution |
|---|---|---|
| CMN | Conception et construction navale | Développement des prototypes, intégration des innovations techniques |
| Région Normandie | Financement et coordination régionale | Soutien stratégique et subventions pour la modernisation |
| Comité des Pêches de Normandie | Consultation des besoins des pêcheurs | Retour terrain et propositions d’adaptation |
| CCI Ouest Normandie | Accompagnement économique | Analyse des coûts et perspectives de marché |
| Université de Caen | Expertise scientifique | Optimisation de la consommation moteur et étude énergétique |

Le projet phare : deux navires types pour renouveler la flotte normande
L’ambition des CMN, en collaboration avec leurs partenaires, est de proposer non pas un seul, mais deux modèles types de navires de pêche, spécialement pensés pour répondre aux diverses activités des professionnels locaux. Ce double projet reflète la diversité des pratiques en Normandie, permettant ainsi une adaptation optimale à chaque segment de la pêche artisanale.
Le premier navire est un bateau de moins de 12 mètres, conçu pour une polyvalence maximale. Il pourra alterner entre arts dormants — comme la pose de casiers — et arts traînants, adaptés à la variété des espèces disponibles dans les zones côtières normandes. Cette polyvalence offrira une meilleure résilience économique aux pêcheurs face aux fluctuations des ressources halieutiques.
Le second modèle est un chalutier d’environ 15 mètres, spécialement dédié à la pêche de la coquille Saint-Jacques, une activité emblématique en Normandie. Ce navire permettra aux professionnels spécialisés dans ce secteur de disposer d’un outil moderne, efficace et respectueux des normes environnementales.
Cette standardisation des navires offre plusieurs avantages :
- Réduction des coûts de conception grâce à la production en série.
- Simplicité et rapidité de construction, importante pour répondre aux besoins urgents de renouvellement.
- Facilité d’entretien et de réparation grâce à la modularité des équipements.
- Possibilité de personnalisation légère selon les besoins spécifiques des armateurs.
- Meilleure optimisation énergétique adaptée aux différentes motorisations étudiées.
Les deux projets font l’objet d’une pré-étude approfondie, prévue pour être terminée d’ici la fin de l’année. L’attention portée à la propulsion fait intervenir une collaboration avec l’Université de Caen, qui contribue à la modélisation et à l’optimisation énergétique des moteurs. Ce travail scientifique répond au double impératif de sobriété et d’efficacité consommations-émissions, s’inscrivant pleinement dans les objectifs de transition énergétique et de développement durable définis dans la politique maritime régionale.
| Caractéristique | Modèle polyvalent <12m | Modèle coquille Saint-Jacques 15m |
|---|---|---|
| Longueur | Moins de 12 mètres | 14,95 mètres |
| Destinée | Arts dormants et traînants | Spécialisé pêche coquille Saint-Jacques |
| Polyvalence | Élevée | Spécialisée |
| Consommation attendue | Optimisée pour économies d’énergie | Réduite, dans un cadre d’exploitation précis |
| Personnalisation | Personnalisable en fonction des besoins | Options limitées mais ciblées |
Le chalutier Saint-Paul II : symbole du renouveau industriel cherbourgeois
Un exemple concret illustre cette volonté de relancer la construction de navires de pêche en Normandie : le chalutier Saint-Paul II. Ce projet inédit, démarré en 2023, avait été suspendu suite à la liquidation de Manche Industrie Marine (MIM) à Dieppe, l’un des derniers chantiers spécialisés dans le secteur en France.
Les CMN ont décidé de reprendre en main ce chantier inachevé depuis juin 2025. Cette initiative marque non seulement un retour à la production locale mais aussi une opportunité pour répondre aux attentes d’un jeune armateur originaire de Ouistreham, Florent Martin, qui attendait des réponses financières et techniques pour finaliser son bateau.
Le Saint-Paul II mesure près de 15 mètres et est destiné à la pêche hauturière et à la pêche de la coquille lorsque ce n’est pas la période de pêche spécifique à cette ressource. La reprise de ce chantier nécessite des travaux importants sur la structure ainsi que des adaptations en cours de route, ce qui illustre la complexité technique de tels navires. Une période d’essais en mer de 15 jours est prévue avant la livraison estimée pour mars 2026.
Cette opération témoigne également d’un savoir-faire normand dans le domaine naval, combiné à une gestion rigoureuse des fournisseurs et partenaires. Serge Quaranta résume bien cette dynamique : « Tous les contrats avec nos fournisseurs ont été repris, ce qui assure une continuité et la qualité finale du navire ». Le chantier ainsi que les pêcheurs impliqués dans ce projet témoignent d’un enthousiasme palpable autour de cette renaissance industrielle, ancrée dans une volonté de pérenniser la pêche régionale.
- Reprise du chantier en juin 2025 avec 10 salariés dédiés
- Travail important sur la structure et la finition des parties techniques
- Adaptation du navire aux utilisations polyvalentes
- Essais en mer avant livraison prévue en mars 2026
- Partenariats solides à l’échelle locale et régionale
| Étape du projet | Statut | Date prévue |
|---|---|---|
| Reprise des travaux | En cours | Depuis juillet 2025 |
| Finition de la cale à poisson | Débutée | Octobre 2025 |
| Période d’essais en mer | À venir | Début 2026 |
| Livraison finale | Prévue | Mars 2026 |

Les enjeux économiques et environnementaux de la modernisation des flottes normandes
La démarche initiée par les CMN et la Région Normandie s’inscrit dans un contexte général marqué par la volonté de concilier développement économique et préservation des ressources marines. Depuis plusieurs années, la pêche en Normandie doit faire face à des restrictions liées à la gestion durable des espèces et à la lutte contre la surpêche. Par ailleurs, la compétitivité des navires normands est mise à mal par la concurrence étrangère, notamment celle des bateaux construits en Turquie ou dans d’autres pays à faibles coûts de production.
Le renouvellement de la flotte est donc perçu à la fois comme un levier économique essentiel et un vecteur d’une économie bleue durable. Il s’agit d’assurer des conditions de travail optimales et sécurisées aux pêcheurs tout en limitant l’empreinte écologique des opérations :
- Réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce à des motorisations sobres.
- Amélioration de l’efficacité énergétique via des carènes optimisées et une propulsion adaptée.
- Limitation des rejets et pollutions dans les zones maritimes sensibles.
- Adaptation à une réglementation européenne plus stricte sur les conditions de fabrication des navires.
- Développement de technologies intégrées pour une pêche plus sélective et responsable.
L’importance accordée à la transition énergétique est un point marquant outre l’aspect économique. La collaboration avec les établissements universitaires locaux montre cette ambition d’introduire des innovations favorisant la sobriété des navires. En outre, le projet du livre blanc régional sur la pêche artisanale, présenté en octobre 2025 à Honfleur, réaffirme la nécessité d’une coordination étroite entre acteurs publics, privés, et pêcheurs pour relever les défis futurs.
| Aspect | Impacts attendus | Mesures adoptées |
|---|---|---|
| Éviter la surpêche | Soutien à la pêche responsable | Conception de navires permettant des techniques plus sélectives |
| Réduction des coûts opérationnels | Optimisation énergétique | Recherche sur moteurs à faible consommation |
| Sécurité des pêcheurs | Meilleures conditions de travail | Normes accrues et équipements plus modernes |
| Réduction de la pollution | Diminution des émissions et rejets | Choix des matériaux et technologies éco-responsables |
| Compétitivité locale | Préservation de l’emploi | Modernisation des chantiers et soutien à la filière régionale |
Le projet mené par les CMN est aussi une réponse à la demande croissante d’un public et d’une profession sensibilisés à la pêche artisanale durable en Normandie. Ceci contribue à renforcer la valeur ajoutée locale des produits de la mer, facteur de reconnaissance et de réussite économique.
L’avenir des navires de pêche en Normandie : perspectives et innovations technologiques
Au-delà de la simple construction de bateaux, la transformation engagée par les CMN vise à faire émerger une nouvelle génération de navires plus intelligents, plus économes et entièrement pensés pour s’adapter aux demandes d’une pêche en constante évolution. Dans cette optique, plusieurs axes d’innovation sont explorés :
- Optimisation énergétique : adoption de moteurs hybrides ou à faible émission de CO2, optimisés à partir des données collectées en coopération avec l’université.
- Utilisation de matériaux composites pour alléger la coque sans compromettre la robustesse.
- Systèmes de navigation et de détection avancés intégrant des outils digitaux pour une exploitation plus efficiente des ressources.
- Adaptabilité des aménagements intérieurs pour permettre une personnalisation rapide selon les campagnes et techniques de pêche.
- Réduction de l’impact environnemental via des systèmes de traitement des eaux de cale et de réduction des déchets embarqués.
Ces innovations ne se réalisent pas en vase clos et bénéficient des efforts conjoints de l’ensemble des acteurs régionaux, incluant des fonds publics, des expertises universitaires et l’engagement des professionnels. Elles traduisent une volonté forte d’inscrire la Normandie comme un pôle d’excellence dans la construction navale durable en Europe.
En attendant la concrétisation des modèles finaux, les études se poursuivent selon un calendrier rigoureux avec notamment une optimisation prévue de la propulsion pour la mi-2026. La coordination entre autorités régionales, entreprises et pêcheurs customisateurs est un facteur clé pour assurer la réussite de cette transition.
| Innovation | Bénéfices | Acteurs impliqués |
|---|---|---|
| Moteurs hybrides | Réduction significative des émissions | CMN, Université de Caen |
| Matériaux composites | Allègement et durabilité | CMN et fournisseurs |
| Systèmes numériques embarqués | Amélioration du pilotage et récolte de données | Entreprises tech locales |
| Aménagements modulaires | Flexibilité opérationnelle | Armateurs et ingénieurs |
| Gestion écologique des déchets | Diminution des impacts environnementaux | Région et organisations environnementales |
Ces leviers technologiques contribuent également à valoriser l’image de la Normandie sur le plan maritime, au moment où la pêche artisanale et industrielle fait face à une transformation globale. La région se positionne ainsi comme un acteur crédible dans un secteur stratégique, mêlant innovation et préservation des savoir-faire.
Quels sont les principaux défis auxquels la flotte de pêche normande est confrontée ?
La flotte normande est confrontée à un vieillissement important avec une moyenne d’âge d’environ 30 ans, des contraintes environnementales accrues, et une compétitivité réduite face aux bateaux étrangers. Le renouvellement des navires doit aussi intégrer les exigences de transition énergétique et de pêche durable.
Comment les CMN collaborent-ils avec les pêcheurs pour concevoir ces nouveaux navires ?
Les CMN travaillent directement avec les pêcheurs en mer pour comprendre leurs besoins spécifiques. Ils collaborent aussi avec la Région, le comité des pêches, la CCI et l’Université de Caen pour élaborer des navires standardisés mais personnalisables.
Quelles innovations sont intégrées pour réduire l’impact environnemental des nouveaux navires ?
Les nouvelles conceptions intègrent des moteurs économes, des matériaux composites légers, des systèmes numériques pour une pêche plus sélective, ainsi que des installations éco-responsables pour limiter les pollutions et mieux gérer les déchets.
Quand les nouveaux navires de pêche seront-ils construits et livrés ?
Une pré-étude doit être finalisée fin 2025, avec une optimisation propulsion prévue pour mi-2026. La livraison du chalutier Saint-Paul II, symbole du renouveau, est programmée pour mars 2026. La date de construction des nouveaux modèles sera définie en concertation avec tous les acteurs.
En quoi la modernisation des navires de pêche contribue-t-elle à l’économie bleue régionale ?
La modernisation facilite une pêche plus durable, réduit les coûts d’exploitation et favorise la compétitivité locale. Elle soutient l’emploi régional et valorise la qualité des produits de la mer, participant ainsi à une économie bleue équilibrée et durable.