Vendanges tardives : un coup dur pour les vignerons de Normandie

La météo peu clémente cette année a perturbé les vignerons normands. Un printemps pluvieux, un été frais et humide, et un mois de septembre aux allures automnales ont retardé le mûrissement des raisins. Les pionniers de la viticulture dans la région, habitués aux étés chauds des dernières années, se retrouvent à devoir patienter.

Axelle Piednoël, viticultrice à Bourg-Achard dans l’Eure, s’apprête à effectuer ses premières vendanges, mais il lui faudra attendre encore quelques semaines avant de pouvoir récolter ses grappes. « Je ne m’étais pas préparée à cela dès la première année, c’est un coup dur », confie-t-elle. L’humidité et l’absence de chaleur ont en effet freiné le mûrissement du raisin, et les premières pousses ont été endommagées par des gelées en avril.

Ce retard affecte de nombreux viticulteurs de la région, en particulier ceux qui espéraient une première récolte après avoir planté leurs vignes il y a trois ans. Axelle Piednoël avait prévu de produire environ 2 000 bouteilles pour sa première récolte, mais elle est maintenant loin de cet objectif, espérant produire au moins 300 bouteilles.

maturité du raisin en normandie

Champignons et humidité : des obstacles supplémentaires

L’humidité n’a pas seulement retardé le mûrissement des raisins, elle a également favorisé l’apparition de champignons tels que le mildiou et l’oïdium. Fabrice Larchevêque, qui a planté des vignes à Sauchay près de Dieppe, voit lui aussi ses prévisions à la baisse. « J’espérais produire 500 bouteilles cette année, mais je n’en ferai qu’environ la moitié », explique-t-il.

Les vignerons bio, ou ceux qui utilisent des méthodes similaires, comme Fabrice Larchevêque, ont dû lutter toute la saison avec des traitements au soufre et au cuivre pour protéger leurs vignes des champignons.

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Même les vignobles plus anciens, comme le domaine des Arpents du Soleil dans le Calvados, n’ont pas été épargnés. Étienne Fournet, qui a repris ce domaine il y a un an et demi, a dû effectuer dix traitements cette saison. « Le raisin mûrit malgré tout », indique-t-il, « à moins qu’il ne se mette à neiger ! », plaisante-t-il.

vendange normande

Une saison imprévisible, mais pas perdue

Les vendanges seront repoussées d’environ trois semaines cette année, avec certaines prévues jusqu’à la fin octobre. Les vignerons normands prévoient également un vin plus léger cette année, avec des degrés d’alcool plus faibles (11-12 degrés contre 15 lors des années plus chaudes). « Finalement, un vin plus léger se boit mieux », estime Étienne Fournet.

Selon Edouard Capron, président de l’association des Vignerons de Normandie, cette saison est atypique mais pas catastrophique. « Des années comme celle-ci existeront en Normandie. Cela fait partie de l’agriculture », affirme-t-il, tout en précisant qu’il est crucial d’adapter les cépages et les méthodes de culture aux conditions locales.

En 2023, Edouard Capron avait vendangé début septembre, mais cette année, il devra patienter encore un mois. Cependant, il reste optimiste quant à la qualité et à la quantité de sa récolte, soulignant que cette saison a été particulièrement bénéfique pour les nouvelles plantations grâce à l’humidité.